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Christelle Vivière interviewée par le Journal du Dimanche pour expliquer l’impact du Covid-19 sur le secteur de l’événementiel privé notamment sur l’organisation des mariages.

Voici l’article de Mathilde Durand publié samedi 18 avril 2020.

 

Le Covid-19 bouscule la saison des mariages : « C’est difficile de renoncer à ce que l’on prépare depuis un an »

09h00, le 18 avril 2020

Par

Mathilde Durand

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L’allocution d’Emmanuel Macron lundi n’a pas rassuré les professionnels du mariage. L’incertitude plane sur les noces prévues cet été : faut-il annuler, reporter ? Les prestataires, souvent indépendants ou auto-entrepreneurs, craignent une année blanche, alors que la haute saison des mariages commence.

 

Les mariages de l’été sont suspendus à la décision du gouvernement sur les rassemblements. (Sipa)

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Quand le plus beau jour de leur vie tombe à l’eau. En cette période de crise sanitaire, le secteur de l’événementiel est particulièrement touché par les mesures de confinement prises pour faire face au coronavirus. Et notamment l’industrie du mariage, avec un chiffre d’affaires estimé à 3,5 milliards d’euros pour 230.000 mariages annuels. Wedding planners, photographes, DJ, fleuristes, traiteurs… Tout un réseau de prestataires, souvent auto-entrepreneurs ou travailleurs indépendants, craint une « année blanche » alors que la haute saison des mariages se tient d’avril à octobre.

 

Mariages interdits ou distances sociales pendant la noce

Selon une consultation des 1.500 entreprises membres de l’Association des consultants en mariage (Assocem), environ 23% des mariages prévus cette année ont déjà été reportés, soit plus tard dans l’année, soit en 2021. Et ce, avant même l’allocution d’Emmanuel Macron lundi 13 avril. Ce serait environ le double depuis. Si le sort des unions prévues en avril ou mai est déjà scellé, les mariages de l’été ne savent pas sur quel pied danser.

Si les hôtels et restaurants sont fermés, comment loger ceux qui viennent de loin pour assister à la cérémonie ?

Emmanuel Macron a évoqué l’interdiction des grands rassemblements type festivals ou concerts jusqu’à la mi-juillet, mais les événements privés posent question. Les rassemblements de plus de 100 personnes seront-ils interdits jusqu’à la même date ? Dans le flou, les organisateurs ne savent quelle stratégie adopter avec leurs clients paniqués. D’autant que les situations peuvent varier selon les préfectures et les mairies. « Nous avons appris que certaines mairies pourraient annuler les célébrations jusqu’en août, ce qui est aberrant car elles n’ont pas de données précises », déplore Virginie Mention, co-fondatrice de l’Assocem.

En plus des incertitudes sur le droit de rassemblement, les futurs mariés s’inquiètent sur les conditions de la noce. « Est-ce que le port du masque sera obligatoire ? Evidemment les mariés seront contre » explique Marine Chanut, wedding -planner basée en région lyonnaise. « Si les hôtels et restaurants sont fermés, comment loger ceux qui viennent de loin pour assister à la cérémonie? Déjà est-ce qu’on pourra se déplacer d’une région à l’autre, s’interroge Christelle Vivière, directrice d’agence en Loire-Atlantique. C’est compliqué de se marier si on doit maintenir des distances sociales, si on ne peut pas s’embrasser, faire la fête normalement, et est-ce que les aînés ne seront pas réticents à se rassembler ? »

Les reports en 2021, la crainte des organisateurs

Avant d’avoir des consignes préfectorales ou du gouvernement sur le sujet, certains couples préfèrent reporter. Certains à la rentrée 2020, avec toujours une incertitude, et d’autres en 2021, idéalement aux mêmes dates. Or un mariage se prépare parfois dix-huit mois à l’avance. « Les futurs mariés versent un acompte entre 10 à 30% pour bloquer une date, et pour la majorité des prestataires la solde du contrat se touche dans le mois précédent le mariage, jusqu’à une semaine après pour les traiteurs par exemple », explique-t-elle.
Avec des reports majoritairement prévus en 2021, les prestataires vont vers une année blanche. « Cela peut être une perte entre 50 et 90% du chiffre d’affaires prévu », précise Marine Chanut, qui rappelle que les prestataires ne sont pas tenus d’accepter le report en l’absence de « cas de force majeure », soit une décision de l’Etat qui obligerait l’annulation du mariage.
Lire aussi – Coronavirus : les revendications des restaurateurs et hôteliers pour tenir le choc
Mais dans ce métier passion, les prestataires se démènent pour trouver des solutions : réduire le nombre d’invités, changer de lieu, organiser le mariage en semaine ou en hors saison… « On est conditionné aux mariages d’été », souligne Elodie Villemus, organisatrice de mariage et experte dans l’émission Quatre mariages pour une lune de miel. « C’est difficile de renoncer à l’image d’un mariage que l’on a préparé depuis un an, de se conditionner à un mariage d’automne. » « Seulement 15% des mariages ont lieu entre novembre et mars », constate Stéphane Seban, fondateur du Salon du mariage, qui espère pouvoir maintenir son édition de septembre.

Tout est à l’arrêt, les mariés ont la tête ailleurs et personne ne se lance dans les préparatifs

« La bonne nouvelle, c’est que la barre des 300.000 à 350.000 mariages pourra être franchie en 2021 », positive-t-il. Mais à force de basculer tous les mariages sur les week-end d’été de 2021, ce sont « deux saisons pour un seul revenu » que risquent de subir les prestataires. Certains envisagent d’ailleurs de sur-facturer ces reports pour faire face à la perte, au risque de fâcher leurs clients.

Plus de mariages étrangers, ni de nouveaux contrats 

Pire encore, les couples qui devaient s’unir en 2021 n’osent plus se lancer. « Bien souvent les mariés nous contactent maintenant pour l’année suivante, explique Orianne Limouzin, fondatrice d’une agence d’organisation de mariage basée à Paris. Tout est à l’arrêt, les mariés ont la tête ailleurs et personne ne se lance dans les préparatifs. »

Autre manque à gagner pour les prestataires : les mariages étrangers. Couples mixtes, expatriés, ou amoureux de la France, les extra-européens ne peuvent plus franchir les frontières pour une durée indéterminée. Pour faire face, le secteur compte sur une information rapide de l’Etat, et des aides financières spécifiques. « Une annulation des charges et des cotisations sociales, et des aides supplémentaires », précise Virginie Mention. L’Assocem a écrit en ce sens au ministre de l’Economie, Bruno Le Maire.
En attendant des réponses du gouvernement, le secteur se serre les coudes pour ne pas sombrer. Et les wedding-planners continuent de conseiller les futurs mariés, clients ou non. « Je reçois beaucoup de messages de mariés apeurés, non accompagnés. J’essaie de leur répondre et de les rassurer », raconte Elodie Villemus. D’autres ont mis en place des rendez-vous de coaching, facturés, pour aider certains couples à reprendre en main l’organisation. « On devient la bouffée d’oxygène, l’issue de secours ».

Retrouvez l’article dans le JDD